La réunion de 6 associations d'anciens combattants de la ville de Bagnolet (93). ACPG, ANACR, ARAC, FNDIRP, FNACA et UNC.
15 Juillet 2011
Né le 5 juin 1901 à Verrières-le-Buisson (Essonne), après des études à Saint-Louis de Gonzague et Louis-le-Grand, il prépare le concours d'entrée à l'Ecole Polytechnique qu'il
réussit en 1921. Sorti de Polytechnique en 1923, il intègre l'Ecole navale.
Enseigne de vaisseau de 2e classe en octobre 1923, il embarque comme élève sur la Jeanne d'Arc, est ensuite affecté au cuirassé Provence puis à différents bâtiments de la Royale.
Lieutenant de vaisseau en 1930, chevalier de la Légion d'Honneur en 1935, il entre à l'Ecole de Guerre navale pour un an en décembre 1936.
A la déclaration de guerre en 1939, Honoré d'Estiennes d'Orves sert à bord du Jaguar comme sous-chef d'Etat-major de la 2e Flotille de torpilleurs en Méditerranée. En décembre 1939, il est officier d'ordonnance à bord du Duquesne, dans la Force "X" de l'Amiral Godfroy.
L'Armistice de juin 1940 le surprend à Alexandrie. Ne pouvant se faire à l'idée que sa patrie vaincue accepte la défaite, il constitue un groupe de marins et d'officiers déterminés comme lui à continuer la lutte, prend le nom de "Chateauvieux" (du nom de l'une de ses aïeules) et entre en contact avec les autorités de la France Libre.
Il quitte Aden avec son groupe et après un voyage de deux mois autour de l'Afrique, rejoint le Général de Gaulle à Londres le 27 septembre 1940.
Sur place, il rencontre l'amiral Muselier mais ne trouve pas d'emploi convenant à l'activité dont il déborde. Capitaine de corvette le 1er octobre 1940, le poste de chef du 2e Bureau de l'Etat-major des Forces Navales Françaises Libres (FNFL) lui est offert; il accepte et remplace le commandant Passy à la tête du SR de la France Libre, mais ne tarde pas à solliciter la faveur de passer en France pour y organiser un réseau de renseignements.
Ayant convaincu le Général de Gaulle de monter une liaison avec la France et de développer et coordonner le réseau embryonnaire qui a pour nom de code "Nemrod" (née sur l'initiative de Jan Doornik et Maurice Barlierdès), il est affecté dans ce but à l'Amirauté britannique à partir du 15 décembre 1940.
Il embarque à Newlyn le 21 décembre 1940, sous le pseudonyme de "Jean-Pierre Girard", avec un radio télégraphiste, Georges Marty, sur un bateau de pêche, la Marie-Louise, à destination de Plogoff. Installé chez les Clément, à Chantenay-sur-Loire près de Nantes, parfaitement aidé dans ses déplacements par Maurice Barlier, il rayonne à travers toute la Bretagne et ne tarde pas à mettre sur pied l'organisation précise du réseau. Il transmet des renseignements capitaux sur les défenses côtières allemandes en construction, les sous-marins, les aérodromes et les dépôts d'essence de la région nantaise.
Du 6 au 19 janvier 1941, il se rend à Paris pour organiser un second réseau, rencontre Jan Doornik et de nombreuses personnalités. De retour à Nantes le 20 janvier, il se réinstalle
chez les Clément. Ceux-ci ont mis leur maison à son entière disposition et lui font part de leur inquiétude au sujet du comportement suspect de Marty. Honoré d'Estiennes d'Orves décide alors de
renvoyer son radio à l'occasion du prochain voyage à Londres. Il est déjà trop tard. Le 22, les Allemands envahissent la ferme. Après avoir résisté, d'Estienne d'Orves, le visage en sang, est
menotté et conduit avec ses compagnons à Angers.
La trahison de Marty permet aux Allemands d'arrêter également Barlier, Doornik et l'ensemble du réseau, au total 26 personnes. Le 24 janvier, les inculpés sont dirigés sur Berlin puis ramenés à Paris, à la prison du Cherche-Midi. D'estienne d'Orves, mis au cachot, est soumis à un régime particulièrement rigoureux. Son moral ne s'en ressent pas. Il trouve même le moyen de galvaniser l'énergie de ses compagnons.
Le procès commence le 13 mai. Prenant sur lui toute la responsabilité, il défend ses co-inculpés. Le 23, la Cour martiale rend son jugement. Le capitaine de frégate d'Estiennes d'Orves et huit de ses camarades sont condamnés à mort et transférés à Fresnes.
Le conseiller juridique allemand Keyser prend sur lui d'aller à Berlin demander la grâce des condamnés. Vaine démarche. Le 28 août au soir arrive l'ordre de passer par les armes, dès le lendemain, les trois principaux responsables: d'Estienne d'Orves, Barlier et Doornik, les six autres bénéficiant de remises de peines.
L'exécution a lieu le lendemain, 29 août 1941 à l'aube, au Mont-Valérien. Honoré d'Estiennes d'Orves a été inhumé après la guerre à Verrières-le-Buisson.
Source: Ordre de la Libération.