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Le blog de l'ULAC de Bagnolet

La réunion de 6 associations d'anciens combattants de la ville de Bagnolet (93). ACPG, ANACR, ARAC, FNDIRP, FNACA et UNC.

La 2e DB en Normandie face à la VIIe Armée allemande (2/2)

 falaise1

SECONDE PARTIE: L'ENFER DU BOCAGE

 

2dbLe cauchemar d'Ecouves.

Les blindés sont obsédés par la vitesse, non par goût de la performance, mais pour des raisons de sécurité: plus ils avancent vite et moins coûteuse est leur victoire. Les obstacles qu'ils redoutent le plus, en pays plat, sont les rivières et les forêts. Or, entre la 2e DB et son objectif, il y avait une rivière: la Sarthe, et un massif forestier: Ecouves.

Le cauchemar des blindés est de buter sur un sensemble de ponts détruits; leur rêve est de trouver un pont intact. Leclerc croit rêver: il précipite le passage de sa division au-delà de la Sarthe et ordonne la charge vers l'Orne pour fermer la nasse où devra être détruite toute une armée allemande.

Le commandement allemand a vu la manoeuvre et prend le dispositif suivant:

- La 9. Panzerdivision, qui a reculé devant nous depuis le débouché du Mans et qui nous a inexplicablement laissé prendre Alençon sans combat, occupe le massif de la forêt d'Ecouves.

- A sa droite, la 2. Panzerdivision défend le passage de Ciral.

- A sa gauche, la 116. Panzerdivision, appiyée sur la rive droite de l'Orne, interdit la route Sées-Argentan-Ecouché.

Le corps d'armée U.S. donne à la division française l'ordre d'attaquer en direction de Carrouges, à travers la forêt d'Ecouves, tandis qu'il attribue Sées comme objectif à la 5e DB U.S.

Il fait beau dans la matinée du 12 août, la route nationale Alençon-Sées est large, invitante, tandis que la forêt d'Ecouves est sinistre, complice des défenseurs allemands, hostile à la progression de nos blindés. Quelle tentation de contourner cet obstacle pour le prendre à revers.

Leclerc désobéit à l'ordre du corps d'armée U.S. et lance Billotte sur la route: de loin en loin, quelques Allemands, embusqués aux lisières de la forêt, réagissent, mais Sées est prise presque sans coup férir.

Falaise grandNous y sommes avant les Américains qui devaient la prendre et au moment où Leclerc va décider de foncer dans le trou et d'envoyer Billotte tout doit sur Argentan, arrive sur la grand-place le premier détachement de la 5e DB U.S., qui s'étonne de nous trouver là où il pensait avoir à faire à des Allemands, s'indigne de constater que nous avons coupé leur voie et que nous nous préparons à continuer à les devancer.

Leclerc insiste peu et leur abandonne à regret la route nationale pour prescrire à Billotte de s'enfoncer dans la forêt à la rencontre de la colonne partie d'Alençon et de glisser, par les lisières Nord, vers Ecouché, à la rencontre de Dio. Le fait d'avoir atteint Sées lui permet d'enrouler la forêt qu'il appréhendait de devoir traverser par un effort frontal.

Du coup, l'ennemi que nous cherchons à bousculer depuis notre départ du Mans est désiquilibré, tourné, pris à revers. Notre homologue, la 2. Panzerdivision, perd son quartier général, ses ambulances et ses services pendant que ses chars croient mener un combat d'avant-garde à 20 kilomètres plus au sud.

 

Le garot d'Ecouché.

Au début de la journée du 13 août, nous arrivons sur la vallée de l'Orne, à Ecouché, où les hommes de Buis découvrent la Nationale 24 bis, par où la VIIe Armée allemande se replie. Rarement un soldat peut voir rassemblés plusieurs centaines de véhicules ennemis. Le lieutenant Robert Galley (futur ministre) passe le premier l'Orne avec son peloton de chars, coupe la retraite à l'ennemi: pas un seul ne quittera la Normandie par cette route.

Les Britanniques qui attaquent par Falaise sont maintenant à 30 kilomètres de nous. En trois jours de combats commençant par une poussée ordonnée jusqu'à la Sarthe pour éclater dans un désordre apparent, profitant des routes ouvertes, contournant les obstacles, ne se laissant jamais attirer par le feu ennemi, mais au contraire le débordant, attaquant quelques fois en spirale, la division angagea tous ses canons sans tenir compte d'objectifs intermédiaires, ni de bonds, ni d'axes déterminés: elle "cassa" des Allemands dans tous les sens, désorganisa leur résistance et bouscula trois divisions de panzers, pour atterrir dans le grouillement de la retraite.

Ereintés mais enivrés, les Français seraient volontiers montés à la rencontre des Britanniques, mais les ordres du corps d'armée U.S. leur interdirent toute progression au Nord de l'Orne: le matraquage des colonnes ennemies qui échappaient à la vue de nos artilleurs était l'affaire de l'aviation.

 

7e arméeLa nasse de Chambois.

La 2e DB bientôt rejointe par trois divisions d'infanterie U.S., les 79e, 80e et 90e, s'étire sur 40 kilomètres, gardant les itinéraires et se préparant à avancer.

Cependant, notre progression désordonnée avait laissé derrière nous, surtout dans la forêt d'Ecouves, beaucoup d'ennemis plus ou moins désorganisés. L'infanterie américaine mettra une semaine à nettoyer méthodiquement le terrain, tandis que de nombreux Allemands essaieront de rejoindre leurs lignes, les uns à pied, de nuit, par petits groupes, les autres de vive force. Ils arriveront alors dans le dos de nos unités et l'affaire se réglera suivant le cas, dans un échange de coups de canon où nous aurons forcément l'avantage, ou bien dans le jeu du gendarme et du voleur.

Les unités allemandes venant du fond de la "poche de Falaise", ignorant notre présence, viendront donner sur nos avant-postes avec plus ou moins de vigueur. Nous aurons reçu en cinq jours les éléments de huits divisions. Privés de la Nationale 24 bis, les Allemands, pourchassés par l'aviation, se glisseront entre Falaise et Argentan pour gagner la Seine.

Le 19 août, la 90e DI U.S., appuyée par le groupement Langlade, donne la main aux Canadiens et aux Polonais venus du Nord, à Chambois.

Le dernier spasme de la VIIe Armée allemande encerclée, fut de lancer vingt chars sur nos positions: les artilleurs de la 2e DB, tirant à vue, démolirent sans doute les derniers véhicules ennemis de cette armée, qui auraient pu continuer la guerre s'ils avaient forcé le passage: derrière eux, le rideau de la bataille de Normandie tomba...

 

Jacques de Guillebon

"L'Histoire de la Seconde Guerre Mondiale: la singulière 2e DB"

Connaissance de l'Histoire: la 2e DB au combat / N° 30 / 12-1980

 

Fin de la Seconde Partie.

 

Nous vous invitons à regarder cette très belle évocation de "La poche de Falaise" réalisée pour le 60e anniversaire des combats en terre Normande.

 

 

 

 

 

 

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S
<br /> <br /> MON PERE QUI FAISAIT PARTIE DE LA 2é DB ? 13E REGIMENT DE SAPEURS AVAIT FAIT LA BATAILLE DE NORMANDIE? PARTICIPE AUX LIBERATIONS DE PARIS ET DE STRASBOURG OU IL FUT BLESSE PUIS COMBATTU EN<br /> INDOCHINE POUR LA CAPITULATION DES JAPONAIS POSSEDAIT UN INSIGNE "ECOUCHE" ET JE CHERCHE A AVOIR DES DETAILS SUR CET EPISODE OU IL DISAIT AVOIR  ETE FAIT PRISONNIER PUIS ECHANGE CONTRE DES<br /> SACS DE BLES ET  LIBERE .IL DISAIT AUSSI AVOIR RENCONTRE DES  PRISONNIERS ESPAGNOLS DE LA NUEVE . CET EPISODE JAMAIS RELATE DANS AUCUN RECIT OFFICIEL QUELQU'UN  POURRAIT IL ME<br /> DIRE OU JE POURRAIS TROUVER CE RENSEIGNEMENT QUI MANQUE A LA RECONSTITUTION DE LA MEMOIRE DE MON PERE DONT JE PORTE LE NOM ET LE PRENOM . MERCI DE TOUT COEUR. AIMEE SEAU.<br /> <br /> <br /> <br />
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