La réunion de 6 associations d'anciens combattants de la ville de Bagnolet (93). ACPG, ANACR, ARAC, FNDIRP, FNACA et UNC.
4 Octobre 2010
S'il est une composante de l'Armée Française qui n'a pas démérité lors des désastreuses opérations de 1939-1940, c'est bien notre Marine. Une présentation détaillée de sa participation à la lutte contre les forces de l'Axe exigerait sans doute beaucoup plus d'espace. Aussi nous nous bornerons à rappeler quatre grandes sortes d'actions, fort représentatives d'ailleurs de l'état d'esprit de notre Flotte et des efforts qu'elle consentit alors.
(1) LES CAMPAGNES DE 1939-1940.
Et d'abord la bataille de Norvège qui permit à nos politiques défaillants de claironner la formule impérissable: << La route du fer est coupée... >> ce qui aurait pu être exact mais, tandis que les flottes alliées, y compris celle de la France (4e du monde, à l'époque), s'évertuaient à réaliser le blocus de l'Allemagne nazie, celle-ci recevait de son alliée d'alors, l'URSS, des quantités énormes de grains, pétrole, bois, caoutchouc... Quoi qu'il en soit cependant, notre Marine nationale s'engage avec courage dans la région nordique.
Si la campagne de Norvège est aujourd'hui bien perdue de vue, c'est du moins l'épisode où les Alliés franco-britanniques firent preuve, à cette époque, d'initiative et d'une certaine audace. C'est aussi une action de guerre dont les particularités géographiques supposaient un engagement spécial de moyens maritimes.
De fait, indépendamment d'affrontements terrestres avec quelques succès (quoique tardifs) comme Narvik, pour les troupes du général Béthouard, l'affaire prend surtout l'aspect d'une bataille navale. Encore que moindres que celles des Anglais ou des Allemands, les marins français subissent alors de grandes pertes: un torpilleur coulé "Le Bison", plusieurs bâteaux sérieusement endommagés, comme "l'Emile Bertin", et un autre navire, le "Maillé-Brézé", perdu accidentellement.
Quand il fallut rapatrier nos troupes, la Marine française s'acquitta de
cette tâche difficile sans défaillir, évitant en particulier des catastrophes comme celles du porte-avions anglais "Glorious" qui, lui, disparut avec ses 1 500 marins. Mais la grande
révélation de l'opération est la découverte de la nécéssité de la stratégie aéronavale.
L'échec de Norvège s'achève à peine que l'Armée allemande déferle sur la France. La Marine nationale qui vient d'oser le débarquement de la 68e division à Walcheren (Flessingue) puis son retrait, et vient aussi d'envoyer au massacre ses trop rares avions (elle y perdra les deux tiers de ses effectifs), va combattre avec ses batteries côtières à Boulogne et à Calais, permettant l'évacuation de 28 000 hommes et, surtout, s'illustrer dans le drame de Dunkerque: 342 000 soldats évacués, dont 143 000 Français. Mais les 200 bâtiments français qui participent au sauvetage subissent de lourdes pertes en navires de guerre: 2 contre-torpilleurs "Chacal" et "Jaguar" et 5 torpilleurs "Sirocco", "Foudroyant", "Adroit", "Bourrasque" et "Orage". En outre, les grands ports militaires de Normandie et de Bretagne sont menacés, en attendant que Bordeaux même, soit bientôt atteint par les troupes allemandes.
(2) UN EXPLOIT SYMBOLIQUE: L'EVASION DU
"JEAN-BART".
A Saint-Nazaire, le cuirassé "Jean-Bart" est en cours d'achèvement, sa mise à flot étant prévue trois mois plus tard, en octobre 1940. Sous la menace de l'irruption allemande, les ouvriers travaillent sans relâche et parviennent à terminer deux machines sur quatre.
L'Amirauté décide alors audacieusement de faire appareiller l'énorme vaisseau en pleine nuit du 18 juin, à trois heures, en profitant de la grande marée.
Le bâtiment ne dispose que d'un étroit chenal, préalablement dragué, qui ne lui laisse que 5 mètres de marge de manoeuvre sur chaque bord et... vingt centimètres seulement de hauteur d'eau sous la quille. Il parvient cependant à la mer, lorsque les bombardiers ennemis l'attaquent à plusieurs reprises.
Le navire inachevé poursuit pourtant sa traversée et mouille dans la rade de Casablanca, le 22 juin à 17 heures. Sauvé, de même qu'un certain nombre de bâteaux ralliant les ports de Grande-Bretagne ou le l'Empire français, comme le cuirassé "Richelieu", à Dakar. En revanche, l'aviso "Vauquois", ayant embarqué tout le personnel des services à terre de la Défense du littoral de la région nantaise, saute sur une mine.
Le nombre des victimes est impressionnant. De plus, de nombreux bâtiments seront sabordés ici où là... En Méditérranée enfin, quelques accrochages ont lieu avec la Marine de guerre italienne, mais les armistices sont signés les 22 et 24 juin.
Edouard Roy
LVDC / N° 1608 10-95
Fin de la première partie. A suivre: Les heures sombres.