La réunion de 6 associations d'anciens combattants de la ville de Bagnolet (93). ACPG, ANACR, ARAC, FNDIRP, FNACA et UNC.
23 Février 2013
Artiste de réputation mondiale, Tony Poncet (ou Antoine Poncé) a marqué le bel canto, mais ses actes de bravoure durant la Seconde Guerre mondiale restent peu connus. Ce célèbre ténor dénommé "le roi du contre-ut" s'est pleinement engagé dans le conflit pour défendre son pays d'adoption, comme en témoignent ses faits d'armes et ses nombreuses décorations.
Le régime politique en Espagne pousse la famille de Tony Poncet, né le 27 décembre 1918, à immigrer en France en 1922 et à s'installer à Bagnères-de-Bigorre. Proche de la frontière, ce village accueille avec bienveillance de nombreux Espagnols et permet à la famille de se rapprocher des siens.
L'enfance de Tony Poncet est mouvementée: enchaînant les petits boulots, il travaille comme mécanicien, livreur, puis devient boulanger jusqu'au début de la Seconde Guerre mondiale. Il développe en parallèle sont goût pour le chant et se fait très vite remarquer pour sa "voix hors du commun" sans penser, pour autant, faire de cette passion un métier.
Lorsque la guerre éclate, il souhaite aussitôt s'engager mais il ne peut être mobilisé en tant que ressortissant espagnol. Il rejoint donc le 14 novembre 1939 la Légion étrangère où il est incorporé au 2e régiment de volontaires (2e RMVE) qui deviendra le 22e RMVE. Après huit mois d'entraînement intensif, il obtient le diplôme de tireur d'élite et la qualification de chef de chars d'assaut.
Intégré à la 19e division d'infanterie, son unité arrive en Alsace le 6 mai 1940. Après le désastre de Dunkerque, le 22e RMVE prend position au sud de Péronne, dans le secteur de Fresnes-Mazancourt, Miséry et Marchelepot. Défendant un nouveau front sur les rives sud de l'Aisne et de la Somme, le régiment est la cible de violentes attaques à partir du 5 juin. Il sera cité à l'ordre de l'armée pour son comportement au feu.
Il se bat courageusement, n'étant fait prisonnier qu'après avoir reçu plusieurs blessures aux jambes et à la tête, ce qui lui vaudra une citation à l'ordre de la division, le 2 juillet 1941, décerné par le général Huntziger: << Conducteur de chenillettes toujours volontaire pour les missions dangereuses. A été blessé au cours d'une mission particulièrement délicate, le 5 juin 1940 >>. Sur les 2 500 hommes qui composaient le régiment, seulement 800 seront encore valides et faits prisonniers.
Après un séjour à l'hôpital, il est envoyé comme prisonnier au stalag VII-A de Moosberg en Bavière, au nord de Munich. Pendant cinq ans, sous le matricule 12242, il alterne les travaux à la ferme et les soirées au camp du commando au cours desquelles il distrait ses compatriotes en chantant des airs espagnols. Le chef du camp lui propose même d'entrer au conservatoire de Salzburg, mais Tony Poncet, guidé par son esprit de résistance, lui rétorque: << Je fais partie d'un pays où les hommes sont fiers et chez moi, mon père, s'il apprenait que j'ai chanté pour vous, je crois qu'il me donnerait un coup de fusil. Je l'aurais bien mérité >>.
Ses deux tentatives d'évasion restent sans succès et il écope de 80 jours d'emprisonnement dans un camp disciplinaire. Il est même condamné à être fusillé pour insubordination et tentative d'évasion, mais l'exécution sera repoussée par les Allemands qui admirent sa voix. Libéré en avril 1945 par le 81e régiment de Rangers du Texas de l'armée du général Patton, il reprend le combat aux côtés des unités qui poursuivent les dernières troupes allemandes jusqu'à Berchtesgaden. La guerre terminée, il se présente aux autorités françaises le 19 mai et est rapatrié, puis démobilisé le 1er juin 1945.
Tony Poncet entre au Conservatoire de Paris en 1947, puis fait ses débuts en concert à Lyon en 1953. Grand prix international en 1954, grand prix de l'académie lyrique du disque en 1962, il donne plus de 250 représentations à l'Opéra et à l'Opéra comique. On le vit également au cinéma dans "la pendule à Salomon" de Raoul Vergez en 1960 et sur le petit écran dans "Angélique" de Jacques Ibert.
En 1971, sa santé devenant préoccupante, il abandonne progressivement le théâtre et donne sa dernière représentation à Toulouse en 1974. Il s'éteint le 13 novembre 1979 à Libourne, laissant derrière lui l'image d'un combattant courageux et d'un ténor à la voix exceptionnelle.
Tony Poncet était titulaire des décorations suivantes:
Sources: Mathilde Poncé "Tony Poncet, ténor de l'opéra. Une voix, un destin". Editions L'Harmattan, Paris / 2009.
Les Chemins de la Mémoire / n° 223 / 02-12
Vous pouvez retrouver sur internet de nombreuses évocations du talent lyrique de Tony Poncet. Voici un titre parmi tant d'autres: link